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La Mort et les Versets sur la Mort dans le Coran

اسلاميات
La mort et les versets sur la mort dans le Saint Coran

Episode de l’émission ‘Tareek Al-Hedaya’ : La Voie de la Guidance

La mort et les versets sur la mort dans le Saint Coran

Dr. Hedaya

 

Les spectateurs ont posé la question suivante : Si le mourant avait le choix entre rester en vie et mourir que choisirait-il ? Peut-on considérer son choix comme une indication sur sa foi ?

 

Pour répondre à cette question, il faut savoir que plusieurs facteurs entrent en jeu dans notre perception de la mort : il est tout naturel de détester la mort, mais il est aussi naturel d’aspirer à rencontrer le Créateur, tout en redoutant toutefois cette rencontre. Le fait de craindre la mort ne signifie pas nécessairement que l’on ne croit pas en Dieu, mais plutôt que l’on redoute le poids de ses mauvaises actions. Le Messager d’Allah (BP sur lui) demanda à l’un de ses compagnons qui était agonisant : –Comment te sens-tu ? Il répondit : — Je redoute la rencontre d’Allah mais j’espère qu’Il me pardonnera. Alors le Messager lui dit (BP sur lui) : — Continue ainsi, car tu es entre la crainte et l’espoir. Ainsi le musulman doit être entre la crainte et l’espoir, car la mort est inévitable qu’on la veuille ou non, et chacun doit s’en remettre à Allah, soumis.

Le Coran aborde ce point en parlant des non musulmans qui souhaitent la mort : Allah (exalté soit-Il) dit: « {6} Dis: «Ô vous qui pratiquez le judaïsme! Si vous prétendez être les bien-aimés d’Allah à l’exclusion des autres, souhaitez, donc la mort, si vous êtes véridiques. {7}Or, ils ne la souhaiteront jamais, à cause de ce que leurs mains ont préparé. Allah cependant connaît bien les injustes. {8}Dis: «La mort que vous fuyez va certes vous rencontrer. Ensuite vous serez ramenés à Celui qui connaît parfaitement le monde Invisible et le monde visible et qui vous informera alors de ce que vous faisiez». » (Al-Joumou’ah ‘Le vendredi’ : 6-8).

 

Il y a des non musulmans qui prétendent qu’ils entreront au Paradis. Et s’ils pensaient vraiment ce qu’ils disent, alors ils souhaiteraient la mort. Mais Allah dit qu’ils ne la souhaiteront jamais. De même qu’il y a des musulmans qui prétendent avoir le cœur pur, mais n’accomplissent pas la prière et ne jeûnent pas. A ceux-là nous disons, comme le verset coranique, souhaitez donc la mort si vous êtes véridiques. Mais non seulement ils ne la souhaitent pas, mais ils la fuient. Car ce sont les actes et la foi qui comptent (non pas les paroles).

Les spécialistes ont émis des opinions différentes au sujet du musulman qui souhaite la mort. Même le musulman pieux qui accomplit de bonnes actions ne souhaite pas la mort, car il désire accomplir toujours plus de bonnes actions. De même celui qui a fait le mal souhaite voir sa vie prolongée pour lui permettre de revenir vers Dieu et de se repentir.

 

Il y a donc un certain nombre de devoirs que doit accomplir le mourant avec l’aide de son entourage. Nous aborderons cela plus en détails à la fin des épisodes sur la mort. De façon générale, le mourant doit mentionner Allah (exalté soit-Il) le plus possible,  se repentir et s’armer de patience. L’agonie représente un délai qui doit être l’occasion de faire de bonnes actions. Comme il est mentionné dans un noble Hadith, Allah (exalté soit-Il) accepte le repentir de Son serviteur jusqu’au râle de la mort, c’est-à-dire (lorsque le souffle de la vie remonte à la gorge) ou (quand l’âme en arrive aux clavicules).

Le pharaon égyptien mentionné dans le Coran voulut déclarer son islam juste avant de périr noyé, mais il ne fut pas accepté par Allah (exalté soit-Il) car le vrai musulman a une foi sincère qui se manifeste par ses actes. Allah (exalté soit-Il) dit : « {90} Et Nous fîmes traverser la mer aux Enfants d’Israël. Pharaon et ses armées les poursuivirent avec acharnement et inimitié. Puis, quand la noyade l’eut atteint, il dit: «Je crois qu’il n’y a d’autre divinité que Celui en qui ont cru les enfants d’Israël. Et je suis du nombre des soumis». {91} [Allah dit]: Maintenant? Alors qu’auparavant tu as désobéi et que tu as été du nombre des corrupteurs! » (Yoûnous ‘Jonas’ : 90-91)

Pharaon n’a pas prononcé la profession de foi (la ilaha illa Allah) mais il déclara croire qu’il n’y a d’autre divinité que Celle en qui ont cru les enfants d’Israël, comme s’il n’était pas sincère mais seulement poussé par le besoin d’être sauvé de la noyade. Mais Allah, qui connaît le for intérieur du pharaon dit — : «  Alors qu’auparavant tu as désobéi et que tu as été du nombre des corrupteurs! »

 

En effet l’islam est une chose, et la foi en est une autre. Le Messager d’Allah (BP sur lui) rencontra un homme et lui demanda : –Qu’es-tu devenu ? Il répondit : –Je suis devenu un vrai croyant. Alors le Messager (BP sur lui) lui demanda : –Ta foi est-elle bien réelle ? Il dit : –Je n’ai plus de goût pour ce monde, et pour moi son or n’a pas plus de valeur que sa boue. Le Messager (BP sur lui) lui dit : –Maintenant que tu as su, maintiens-toi ainsi.

Le mourant aura donc une attitude en accord avec les actions accomplies durant sa vie, et s’il avait le choix, il devrait exprimer sa soumission à la volonté divine. En bref, le musulman doit craindre la mort, mais il doit surtout s’y préparer.

 

Le musulman aspire à rencontrer Allah (exalté soit-Il). Rencontrerons-nous véritablement Allah dans l’au-delà ?

 

Le Messager (BP sur lui) a dit : Qui aime la rencontre d’Allah, Allah aime sa rencontre, et qui déteste la rencontre d’Allah, Allah déteste sa rencontre. La rencontre d’Allah est inéluctable et aucune créature n’y échappera. Il faut donc considérer cette question avec la certitude de cette rencontre et entraîner son âme à l’amour de Dieu : par la prière rituelle, qui permet de renforcer la relation avec le Seigneur et devient une conversation confidentielle, lors de la prosternation  (soujoûd), lors de la récitation  des supplications du Messager (BP sur lui). Imam Malik a dit : Lorsque je désire faire des confidences à mon Seigneur, j’entre en prière (rituelle), et si je désire qu’Il me fasse des confidences, je lis le Coran. Dans les deux cas, il s’agit de préparer l’âme à la rencontre de son Seigneur, qui sera dans l’au-delà un règlement de compte comme le dit le hadith Aujourd’hui c’est le moment des actions sans compte à rendre, demain il faudra rendre les comptes et il sera trop tard pour les actes. Il faut donc se préparer à la rencontre du Seigneur, par l’application et la concentration dans la prière, le jeûne, et toutes les pratiques religieuses, ainsi que la bonne conduite conforme aux prescriptions divines.

 

Au sujet de savoir si nous verrons Allah dans l’au-delà, le Messager (BP sur lui) fut interrogé sur ce point et dit : —La vision du soleil et de la lune vous nuit-elle ? Ils répondirent : –Non. Il dit (BP sur lui) –C’est comme cela que vous verrez Allah, le Seigneur des mondes. Allah confirme ceci dans le Coran en disant : « Ce jour-là, il y aura des visages resplendissants. » ( Al-Qiyâmah, ‘La résurrection’ : 22). Et lors du Mi’raj  on lui demanda s’il avait vu son Seigneur, il dit : Lumière, comment Le verrais-je ?’ Et sachons qu’Allah n’est semblable à rien de ce que nous connaissons, il est donc inutile de chercher à savoir comment nous le verrons.

 

Il existe des différences dans la façon dont les hommes furent créés : Adam fut créé sans père ni mère, Eve fut créée à partir d’un homme, Jésus (la paix sur lui) fut créé d’une femme, et tous les autres hommes ont un père et une mère. La mort est-elle la même pour toutes ces créatures ?

 

Même s’il existe des différences dans la façon dont ces créatures furent créées, elles trouveront toutes la même mort qui est le contraire de la vie, sauf dans le cas de Jésus (sur lui la paix) auquel Allah dit– : « Je vais mettre fin à ta vie terrestre t’élever vers Moi » ( Al-‘Imrân, ‘La famille d’Imran’: 55). Mais il mourra aussi comme toutes les autres créatures. Même l’ange de la mort mourra et la mort elle-même sera égorgée sur le ‘Sirât’ pour que les créatures comprennent que la mort est le lot de toute créature.

 

Reprenons l’explication des versets sur la mort dans la sourate Al- Wâqui’ah.

 

Allah dit : « {87} ne la faites-vous pas revenir [cette âme], si vous êtes véridiques? {88} Si celui-ci est du nombre des rapprochés (d’Allah), {89} alors (il aura) du repos, de la grâce et un Jardin de délices. {90} Et s’il est du nombre des gens de la droite, {91} il sera [accueilli par ces mots]: «Paix à toi» de la part des gens de la droite. {92} Et s’il est de ceux qui avaient traité de mensonge (la résurrection) et s’étaient égarés » (Al- Wâqui’ah, ‘L’événement)

Après ce défi, qui veut prouver aux hommes leur impuissance tout comme dans la sourate de la résurrection – : «Mais non ! Quand [l’âme] en arrive aux clavicules et qu’on dit : « Qui est exorciseur ? » et qu’il[l’agonisant] est convaincu que c’est la séparation (la mort) et que la jambe s’enlace à la jambe, c’est vers ton Seigneur, ce jour-là que tu seras conduit. Mais il n’a ni cru, ni fait la Salat ; par contre, il a démenti et tourné le dos » ( Al-Qiyama ‘La Résurrection’ : 26-32) et que rien ne peut venir en aide à l’agonisant sauf ses actions, Allah (exalté soit-Il) divise les morts en trois catégories : Il y a tout d’abord les rapprochés (al-muqarrabîn), c’est-à-dire les premiers à suivre les ordres d’Allah et de Son Messager sur Terre. Leur récompense sera — : « Alors (il aura) du repos, de la grâce et un Jardin de délices. » (Al- Wâqui’ah, ‘L’événement’ : 89). A travers ce verset nous sentons qu’il y a deux phases, le repos et la grâce au moment de la mort et dans la tombe, et puis le Jardin de délices dans l’au-delà. Si le mort fait partie des rapprochés, il est enveloppé d’un linceul de brocart venu du Paradis avant d’être enveloppé dans un linceul de ce monde. On a entendu parler de ces morts desquels émane une odeur de musc lorsqu’on les ensevelit. On remarque qu’Allah donne des détails sur les rapprochés et sur ceux qui traitent la résurrection de mensonge et sont égarés. Par contre Il ne donne pas de détails sur les gens de la droite (ashâb al-yamîn) et nous laisse chercher qui sont les gens de la droite. Il dit seulement : « il sera [accueilli par ces mots]: «Paix à toi» de la part des gens de la droite. » De même qu’Il dit –  : « Quant à celui à qui on aura remis le Livre en sa main droite, il dira: «Tenez! Lisez mon livre. J’étais sûr d’y trouver mon compte».» (Al-Hâqqah, ‘Celle qui montre la vérité’ :19-20). L’état des gens de la droite ne peut être décrit car, comme l’a dit le Messager (BP sur lui), au Paradis il y a ce que nul œil n’a vu, nulle oreille n’a entendu, et nul cœur d’homme n’a ressenti. 

 

Allah (exalté soit-Il) donne une description des rapprochés afin que les gens de la droite essaient d’atteindre les délices des rapprochés. Ceci se traduit dans le Coran par une incitation à agir et à toujours se surpasser : «Fuyez donc vers Allah » (Adh-Dhâriyât, ‘Qui éparpillent’ :50) «Et concourez au pardon de votre Seigneur » (Al-‘Imrân, ‘La famille ‘Imrân’ :133) «Concurrencez donc dans les bonnes œuvres »(Al-Mâ’idah, ‘La table servie’ :48) «Que ceux qui la convoitent entrent en compétition [pour l’acquérir]»(Al-Moutaffifîn, ‘Les fraudeurs’ :26)

 

Dans l’au-delà il y a donc des degrés divers qui exigent que l’on cherche toujours à se surpasser. Dans un Hadith, le Messager d’Allah (BP sur lui) dit que soixante dix mille membres de sa communauté entrent au Paradis sans ‘hissâb’ (c’est-à-dire sans qu’on leur demande de compte). Alors ‘Oukâchah a dit : — Demande à Allah que je sois l’un d’entre eux. Le Messager (BP sur lui) répondit : –Vous êtes parmi eux, ô ‘Oukâchah. Alors un des compagnons du Prophète (BP sur lui) se leva et demanda : –Et moi, ô Messager d’Allah ? Il dit (BP sur lui) qu’il ne restait plus de place. Il nous faut donc essayer de nous élever au rang des premiers  (as-sâbiqîn) dont Allah a dit –  : « une multitude d’élus parmi les premières [générations], et un petit nombre parmi les dernières [générations] » (Al- Wâqui’ah, ‘L’événement’ :13-14)

 

Les premiers (as-sâbiqîn) sont ceux qui sont les plus proches du Messagers d’Allah (BP sur lui), et les derniers sont les derniers par leur caractère, et nous faisons partie de ces derniers. Il y a les compagnons du Prophète, et puis les Tabi’în, et puis les derniers dont nous faisons partie. Il nous faut donc agir pour être des rapprochés pour le jardin de délices qui leur est promis et s’éloigner de ceux qui avaient traité de mensonge la résurrection et s’étaient égarés et qui seront jetés en Enfer : « alors, il sera installé dans une eau bouillante, et il brûlera dans le Fournaise.» (Al- Wâqui’ah, ‘L’événement’ :13-14)

 

Que signifie la pleine certitude (haqq al-yaqîn) mentionnée dans le verset 95 de la sourate Al- Wâqui’ah qui dit  : « C’est cela la pleine certitude. » (Al- Wâqui’ah, ‘L’événement’ :95) ?

 

Ce verset parle de (haqq al- yaqîn) qu’il faut  rapprocher de deux autres degrés dans ce monde : (‘ilm al-yaqîn) et  (‘ain al-yaqîn).  Dans la sourate Al-Takâthour, Allah dit – : « 1. La course aux richesses vous distrait, 2. jusqu’à ce que vous visitiez les tombes {3} Mais non! Vous saurez bientôt! {4} (Encore une fois)! Vous saurez bientôt! {5} Sûrement! Si vous saviez de science certaine. {6} Vous verrez, certes, la Fournaise. {7} Puis, vous la verrez certes, avec l’œil de la certitude. {8} Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices. » Les savants nous ont donné l’image suivante : S’il y avait un pot de miel et que le Messager d’Allah (BP sur lui) informait les gens que le pot contient du miel sans que ceux-ci ne puissent voir le pot, la moitié des personnes présentes croiront le Messager (BP sur lui) (tout comme Abou Bakr qui fut surnommé As-Siddîq[1] ). Ceux qui ont cru aux paroles du Messager ont (‘ilm al-yaqîn) c’est-à-dire la science certaine. Une partie des personnes présentes a demandé à voir le miel dans le pot ; ceux-là ont cru avec l’œil de la certitude (‘ain al-yaqîn). Le reste des personnes a demandé à goûter le miel pour être sûr qu’il s’agissait vraiment de miel ; ceux-là ont eu la pleine certitude (haqq al-yaqîn).

 

La science certaine (‘ilm al-yaqîn) correspond au plus bas degré de perception et au plus haut degré de la foi. « Qui croient à l’invisible (al-Ghayb) » (Al-Baqarah, ‘La vache’ :3)

L’œil de la certitude correspond à un niveau intermédiaire, et ceux qui sont à ce niveau aiment se joindre à ceux qui ont (‘ilm al-yaqîn) pour ne pas être parmi la dernière catégorie, celle de (haqq al-yaqîn) la pleine certitude.

 

(haqq al-yaqîn) la pleine certitude, correspond au plus haut degré de perception, et au plus bas degré de foi. Ceux-là sont les gens de l’enfer, car ils ont traité les prophètes de menteurs, et se sont égarés. Ils ne croiront à l’enfer qu’une fois qu’ils y seront, et alors seulement ils diront Mohammed était véridique. Mais il sera trop tard.

 

On raconte que l’un des compagnons du Messager d’Allah (BP sur lui) appelé Hanzalah rencontra Abou Bakr et lui dit : — Hanzalah est hypocrite. Abou Bakr lui demanda : — Comment donc ? Il dit : — Chez le Messager d’Allah, nous l’écoutons parler et nous voyons le Paradis de nos yeux, et nous voyons l’Enfer de nos yeux, mais dès que nous sortons de chez lui, nous battons les enfants et allons dans les marchés. Abou Bakr répliqua :- Il en va de même pour moi. Ils se rendirent alors chez le Messager d’Allah (BP sur lui) auquel ils firent part de ceci : Il leur dit (BP sur lui) : — Si vous demeuriez dans l’état dans lequel vous êtes lorsque vous êtes avec moi, les anges vous croiseraient dans vos lits et dans les chemins. Mais il y a une heure, et une heure, une heure et une heure, une heure et une heure. (Un temps pour chaque chose, un temps pour l’adoration, et un temps pour l’action et le travail).  Le Messager nous incite à l’action et au travail pour gagner notre subsistance, et nous défend de rester 24 heures sur 24 à la mosquée. Le Messager (BP sur lui) a blâmé l’homme qui dormait dans la mosquée et ne l’a pas laissé. Il questionna ses compagnons pour savoir qui se chargeait de sa subsistance. Les compagnons répondirent : — Son frère. Alors le Messager (BP sur lui) dit : — Son frère est meilleur que lui. Et dans une autre version ils répondirent : — Nous tous. Alors le Messager (BP sur lui) dit : –Vous êtes tous meilleurs que lui.

 

Les rapprochés sont donc ceux qui ont cru de science certaine (‘ilm al-yaqîn), ils auront du repos, de la grâce, et un jardin de délices. C’est d’eux que nous devons essayer de nous rapprocher. Quant à ceux qui traitent de mensonge la résurrection et sont égarés, ils auront la pleine certitude (haqq al-yaqîn) c’est-à-dire l’Enfer, qu’Allah nous en préserve.

 

Qui sont les rapprochés (al-muqarrabîn), les premiers (as-sâbiqîn), et les gens de la droite (ashâb al-yamîn)?

 

Le Coran mentionne trois catégories : les rapprochés (al-muqarrabîn), et les premiers (as-sâbiqîn), qui sont les plus haut degrés des gens de la droite (ashâb al-yamîn). Au Paradis il existe des degrés différents avec des différences énormes entre un rang et un autre. Les compagnons du Prophète (BP sur lui) qui vécurent à son époque sont les premiers ou les rapprochés. Dans un Hadith du Messager (BP sur lui) (sur lequel il y a des controverses, mais que nous allons tout de même citer pour montrer les différences entre les gens d’une même catégorie), on lit : Omar Ibn Al-Khattâb est le premier de ma communauté à prendre son livre de la main droite. Les personnes présentes dirent alors : — Et Abou Bakr ? Le Messager (BP sur lui) dit alors : — Il sera déjà loin ! Quand Omar prendra son livre, Abou Bakr aura été introduit au Paradis sans avoir à rendre de compte, à la tête de soixante dix mille personnes de ma communauté.  Et s’il existe une telle différence entre Omar et Abou Bakr, alors qu’ils sont tous deux compagnons du Messager (BP sur lui), tous deux promis aux Paradis, à quoi devons-nous nous attendre ?

 

Tout homme qui accomplit une action dans ce monde, la retrouvera dans l’au-delà, bonne ou mauvaise. Et la justice divine fait de l’homme son propre juge. En effet, ce sont ses actes, ses membres, son livre contenant toutes ses actions, qui seront témoins comme le dit le Coran. Allah dit  : «  Et au cou de chaque homme, Nous avons attaché son œuvre. Et au Jour de la Résurrection, Nous lui sortirons un écrit qu’il trouvera déroulé: «Lis ton écrit. Aujourd’hui, tu te suffis d’être ton propre comptable». » (Al-‘Isra’, ‘Le voyage nocturne : 13-14)

 

Le  noble Hadith suivant rapporte : Personne parmi vous n’entrera au Paradis sans savoir qu’il mérite le Paradis plutôt que l’Enfer, et personne parmi vous n’entrera en Enfer sans savoir qu’il mérite l’Enfer plutôt que le Paradis. Comment les gens de l’Enfer sauront-ils qu’ils méritent l’Enfer et non le Paradis ? Ils l’apprendront de leur livre, et le Jour du Jugement les gens ne pourront lire qu’en toute vérité ce qui figure des actions accomplies dans ce monde. Allah a dit –  : « Quant à celui à qui on aura remis le Livre en sa main droite, il dira: «Tenez! Lisez mon livre. J’étais sûr d’y trouver mon compte». (Al-Hâqqah, ‘Celle qui montre la vérité’ : 19-20) »

 

Multiplions donc les bonnes actions, les prières dans les premiers rangs à la mosquée, les supplications en toute humilité et soumission, les jours jeûnés avec sincérité, un pèlerinage accompli dans la piété. Offrons des actes d’adoration surérogatoires qui compensent pour les  actes obligatoires, avant qu’il ne soit trop tard… Comme le dit Ibrahim (sur lui la paix) dans les versets coraniques — qui peuvent être traduits par : « le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur sain» (Ach-Chou’ara’ ‘Les poètes’ : 88-89)

 

Comme nous l’avons déjà mentionné, il y a de grandes différences entre les rapprochés (al-muqarrabîn) et les gens de la droite (ashâb al-yamîn), et même entre les rapprochés (al-muqarrabîn) et les premiers (as-sâbiqîn). Tous les rapprochés ne sont pas de même rang comme nous l’avons vu avec Omar et Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait d’eux). Allah (exalté soit-Il) a décrété qu’Abou Bakr, et non pas Omar ni aucun autre des compagnons du Prophète, l’accompagnerait pendant son émigration. Abou Bakr est mentionné dans le verset du Coran  qui peut être traduit par : « Si vous ne lui portez pas secours… Allah l’a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon: «Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous.» ( Al-Tawbah ‘Le repentir’ : 88-89). Les derniers versets de la sourate ‘La nuit’ font également allusion à Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui). Allah dit ce qui peut être traduit par : « alors qu’en sera écarté le pieux, qui donne ses biens pour se purifier et auprès de qui personne ne profite d’un bienfait intéressé, mais seulement pour la recherche de La Face de son Seigneur le Très Haut. Et certes, il sera bientôt satisfait» (Al-Layl ‘La nuit’ :17-21)

 

Il y a donc des différences de niveau à l’intérieur d’une même catégorie des gens de la droite. Si nous prenons la prière par exemple, les prières des musulmans n’ont pas toutes la même rétribution, car elles ne sont pas toutes accomplies avec la même concentration, application, humilité et crainte d’Allah , et avec l’assiduité qui augmente la rétribution. Notre devoir de musulmans est de nous encourager entre nous comme le dit le dernier verset de la sourate Al-‘Asr qui peut être traduit par : « s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance. »(Al-‘Asr ‘Le temps’ : 3). Il s’agit par exemple de s’éveiller les uns les autres pour accomplir la prière de l’aube (Fajr). Ne nous éveillons-nous pas les uns les autres pour un départ en voyage ou toute autre activité propre à ce monde ? Nous oublions qu’Allah rétribue celui qui commence sa journée par la prière du matin. Et la prière à une grande importance car elle est la première mise en pratique de notre foi en notre Livre, le Coran. Allah dit, au sujet du non musulman : «  Mais il n’a ni cru, ni fait la Salāt;  par contre, il a démenti et tourné le dos. » (Al-Qiyâmah ‘La résurrection : 31-32). Ce qui sépare l’homme du Kufr (incroyance) n’est autre que l’abandon de la prière, comme le rapporte un Hadith. Ainsi celui qui ne croit pas, et délaisse la prière tourne le dos au bien, et à l’islam, comme le dit le verset que nous venons de citer. Mais Allah (exalté soit-Il) accepte le repentir de son esclave jusqu’ au dernier soupir…

 

Allah dit : « Et que la jambe s’enlace à la jambe, c’est vers ton Seigneur, ce jour-là que tu seras conduit. »  (Al-Qiyâmah ‘La résurrection’ : 29-30). Quelle est la signification de ces versets ? La jambe qui s’enlace à la jambe est-elle une manifestation de la terreur qui s’empare du non croyant ? Ou bien y est-il aussi question du croyant ?

 

L’expression (la jambe s’enlace à la jambe) est une métaphore, mettant en relief la difficulté de l’épreuve, et la terreur qui s’empare du non croyant. Il n’y a pas de doute que ce verset concerne le non croyant puisque les versets disent aussi : «  Mais il n’a ni cru, ni fait la Salāt; » Certaines exégèses commentent ce verset en disant qu’il représente la dernière heure dans ce monde qui s’enlace à la première heure de l’au-delà. Mais cette interprétation n’est pas acceptable vu le contexte. Il s’agit ici des non croyants et la métaphore exprime l’épreuve difficile et pénible de la sortie de l’âme du corps des incroyants.

 

La question suivante porte sur deux Hadiths  du Messager d’Allah (BP sur lui) : Mes compagnons sont comme des étoiles, suivez l’exemple de l’un d’entre eux, vous serez sur la bonne voie. Et l’autre disant que la rétribution de l’un des derniers (al-mouta’akhirîn) équivaut à la rétribution de soixante compagnons du Prophète (BP sur lui).

 

Sur le même sujet il y a des hadiths sahîh dont : Ma Sounna et la Sounna des califes droits et  bien guidées qui me suivront, mordez-les avec vos molaires. Ainsi que le hadith : Qui aura instauré un bon usage dans l’islam en sera récompensé, et recevra une rétribution pour toute personne qui l’aura pratiqué jusqu’au jour de la résurrection. L’objectif de ces Hadiths est de montrer qu’il faut prendre le Messager (BP sur lui) comme guide. Et même s’il existe différentes écoles et différents madhâhib, notre ultime référence doit toujours être le Coran et la Sounna du Prophète (BP sur lui).

 

Alors qu’il se trouvait avec ses compagnons auprès de sépultures, le Messager (BP sur lui) dit : — Ceux que j’aime me manquent ! Ils répliquèrent : — Ne sommes-nous pas ceux que tu aimes ? Il dit (BP sur lui) : — Vous êtes mes compagnons. Ils dirent : — Ceux que tu aimes, qui sont-ils ? Il répondit (BP sur lui) : — Des gens qui viendront après vous, et qui croiront en moi sans qu’ils ne m’aient vu.  Il s’agit donc ici d’un rang supérieur. Le fait d’avoir connu le Messager (BP sur lui) et de l’avoir accompagné fut la raison qui poussa les compagnons à croire en lui. Il est du devoir de chaque musulman né de parents musulmans de réfléchir sur son islam et de réaffirmer sa pleine conviction de son propre gré. Comme il est du devoir des parents d’enseigner à leurs enfants tous les aspects de la religion, la piété, la foi, l’excellence, la justice, le bon comportement et les vertus morales, et de leur apprendre à prendre exemple sur le Prophète (BP sur lui). Le Coran dit : « En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. » (Al-‘Ahzâb ‘les coalisés : 21). Et après le Messager d’Allah (BP sur lui), rien n’empêche de prendre son Cheikh ou l’un des Imams de la Oumma comme exemple, pourvu que la référence ultime reste toujours le Messager d’Allah (BP sur lui).

 

Quelle est la signification du verset qui dit : « Ils diront: «Notre Seigneur, Tu nous as fais mourir deux fois et redonné la vie deux fois: nous reconnaissons donc nos péchés. Y a-t-il un moyen d’en sortir?» » (Ghâfir ‘Le pardonneur : 11)

 

Ce sont les paroles de l’homme qui reconnaît le décret divin mentionné dans cet autre verset coranique où Allah dit : «Comment pouvez-vous renier Allah alors qu’Il vous a donné la vie, quand vous en étiez privés? Puis Il vous fera mourir; puis Il vous fera revivre et enfin c’est à Lui que vous retournerez» (Al-Baqarah ‘La vache’ : 28). Les hommes étaient morts avant leur création, et Allah les a amenés à la vie en les créant. Puis il les fera mourir à nouveau. Enfin il les ressuscitera le jour de la résurrection. La phase précédant la création est donc une mort.

Dans la sourate Al-Anfâl, Allah (exalté soit-Il) parle aussi de la vie en disant : « Ô vous qui croyez! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie, et sachez qu’Allah s’interpose entre l’homme et son cœur, et que c’est vers Lui que vous serez rassemblés. » (Al-Anfâl ‘Le butin’ : 24)

 

Le Coran est donc véritablement un esprit (roûh) pour le croyant car il renouvelle sa vie. C’est comme si le lecteur du Coran avait une vie supplémentaire par le Coran qui est véritablement un guide de vie complet pour le musulman. Le Coran est appelé esprit (roûh): Allah dit : « Et c’est ainsi que Nous t’avons révélé un esprit [le Coran] provenant de Notre ordre.» (Ach-Choûrâ ‘La consultation’ : 52). Toute la révélation a été également appelée esprit (roûh). Car la vie du musulman qui lit le Coran et l’applique, est totalement différente de la vie de celui qui ne lit pas le Coran et ne l’applique pas. Ajoutons que le Coran maudit certains de ses lecteurs qui ne l’appliquent pas. Car les œuvres d’un musulman doivent être conformes à ses paroles. Allah dit : « C’est une grande abomination auprès d’Allah que de dire ce que vous ne faites pas. » (As-Saff ‘Le rang : 3). Et chaque musulman doit s’efforcer d’être un modèle pour les autres. Que de personnes ont embrassé l’islam parce que le comportement d’un musulman leur avait fait forte impression ? Que de récits de conquêtes musulmanes relatent la conversion à l’islam de peuples qui apprirent à connaître et à admirer les vertus morales des conquérants musulmans ?

A la fin de cet épisode, Dr Hedaya a fait des invocations pour tous les musulmans.

28/3/2004

 


[1] As-Siddîq : surnom d’Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) qui signifie ‘celui qui croit’, c’est-à-dire qui atteste de la vérité d’une chose. Lorsqu’il apprit des polythéistes quraychites ce qu’avait dit le Messager après l’événement du Isra’ et Mi’râj, celui-ci dit tout simplement : « Si (le Prophète) l’a dit, il dit la vérité. »